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paces, de vastes royaumes ; ils viennent faire curée dans des lieux qu’ils dévastent et qu’ils laissent désolés ; apparaissant comme la grêle dans nos pays pour tout ruiner sur leur passage. Le désert n’est donc pour ces animaux légers à la course qu’un lieu de refuge, comme sont nos forêts pour les sangliers qui ont ravagé des champs dans les plaines voisines. Le désert, qui procure en Afrique de vastes emplacemens à horizon fort étendu ; est ainsi le lieu que préfèrent, après s’être repus, les Girafes et les Antilopes, toujours entourés d’ennemis puissans et excités par une faim dévorante : là ces animaux sont dans un éveil continuel et pleinement efficace ; car dans le désert ils voient à une grande distance ; ils ne craignent point d’y être surpris : là leur active surveillance, comme la vitesse de leur course, dérangent les combinaisons les plus habiles, et tous les piéges qui leur seraient tendus. Aussi les lions, qui ont une expérience des ressources qu’on leur oppose, ne perdent-ils point leur peine à des poursuites inutiles : ils préfèrent attendre près d’une fontaine où l’on viendra boire, à portée d’une riche prairie, où l’on sera tenté d’arriver paître, où, à l’égard des Girafes, auprès d’un fourré de mimosa, dont les sommités seraient une autre sorte de riche pâture ; les lions en embuscade, aidés par d’intelligens associés leurs pourvoyeurs, dits caracals, sont plus efficacement servis par le rabat du gibier près le lieu où ils se tiennent cachés ; ils aiment mieux par un seul bond tomber à l’improviste sur une proie surprise et mise hors d’état d’user de ses dernières ressources.

Cependant les Girafes et les Antilopes n’entrent dans