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très-étroite et noire, en l’entortillant autour de l’objet qu’elle convoîte. Une autre de ses habitudes qui prouve que l’animal est décidément appelé à brouter les hautes branches des arbres, c’est sa manière gênée de prendre à terre. Elle s’y décide en faveur d’une branche de Mimosa : mais on voit à la gaucherie de ses mouvemens, au temps qu’elle emploie, et aux précautions qu’elle est forcée de prendre, qu’elle agit vraiment contre les allures naturelles à sa conformation. Ainsi, elle écarte d’abord d’une petite quantité un de ses pieds de devant, puis l’autre, pour recommencer plusieurs fois le même manége ; c’est donc après de telles tentatives qui font baisser le tronc, qu’elle se détermine à fléchir le cou et à porter ses lèvres et sa langue sur la chose qui lui est offerte.

Quant à ses formes et à ses rapports vis-à-vis des ruminans ses congénères, la Girafe est dans des conditions à exciter vivement l’intérêt. Ce qu’elle présente en propre et ce qui appelle sur elle l’œil de l’observateur, ce sont principalement les disproportions de ses parties. La tête et le tronc sont d’une briéveté excessive, surtout si l’on compare ces parties aux jambes et au col, qui sont d’une grandeur démesurée. On a, dans ces derniers temps où les conditions de l’organisation en général ont été embrassées dans toutes les hauteurs du sujet, aperçu qu’un système d’organes n’acquiert une dimension hors des proportions communes, que sous la raison nécessaire que d’autres organes soient restreints et diminués d’une quantité équivalente. Cette loi organique est exprimée sous le nom de balancement entre le volume des organes[1] : la Girafe offre donc en sa personne

  1. C’est une des quatre lois sur lesquelles sont fondés les principes de la Philosophie anatomique ; lois appelées : théorie des analogues, principe des connexions, balancement des organes, et affinités électives des élémens organiques. De ces lois on arrive à une autre qui les embrasse toutes, ou au principe de l’unité de composition organique.