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la vie sauvage. Du grain mélangé de maïs, d’orge et de fèves de marais brisées au moulin, et pour boisson, du lait matin et soir, suffisent à notre grande voyageuse. Elle s’était rendue très-difficile à Marseille pour prendre sa boisson devant le public : elle a renoncé à ce caprice en route, où l’on a d’ailleurs remarqué qu’elle a gagné beaucoup en familiarité, comme en force et en santé.

La Girafe dans son pays natal, broute la sommité des arbres, préférant les plantes de la famille des mimosa qui y abondent : ce qui a décidé de son changement d’habitudes, ce sont les premiers mois de son éducation en domesticité. Les arabes, ses premiers maîtres, lui ont imposé des conditions auxquelles eux-mêmes étaient impérieusement soumis ; ou, si l’on veut, ils l’ont appelée à partager leurs vivres, et les ressources dont leur vie errante leur fait une nécessité. Ainsi ils l’ont allaitée d’abord avec le lait de leurs Chamelles ; ce qu’ils ont continué de faire dans la suite, parce que dans les parties du désert qu’ils habitent, il leur était plus facile de se procurer du lait que de l’eau ; lorsque la Girafe eut exigé une nourriture plus substantielle, c’est le grain préparé pour leurs Chameaux qu’ils lui ont offert et auquel ils l’ont insensiblement accoutumée. Ce régime qu’il a fallu continuer dans sa traversée des déserts pour arriver en Égypte lui ayant très-bien réussi, on s’est bien gardé de le changer jusqu’à ce moment.

Mais ce qui montre qu’elle n’a point cependant renoncé à ses habitudes natives, c’est qu’elle accepte avec bonne grâce les fruits et les branches d’acacia qu’on lui offre. Elle saisit le feuillage d’une façon très-singulière, faisant sortir pour cet effet une langue longue, rugueuse,