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Thomas, qui demeurait alors avec elle rue Saint-Lazare, et lui demande d’aller chercher M. Petroz. Thomas, à moitié endormi, lui répond : « Tenez, Mamita, mettez-vous là, bien chaudement, auprès de moi. » Mamita retourna tout doucement dans son lit, en disant : « Pauvre Thomas ! »

Complètement indifférente aux idées de faste et de vanité qui dominent, hélas ! trop souvent dans le monde, elle avait fortune et domestiques, voiture, chevaux et bonne table pour le bien de chacun des siens et ne cherchait nullement l’ostentation en quoi que ce fût. Si elle augmentait le nombre de ses domestiques, c’était pour qu’aucun ne fût surchargé d’ouvrage, et elle n’aurait jamais souffert de leur voir faire des choses dures ou pénibles. Volontiers elle se fût privée pour les autres ; mais grâce à Dieu ! et à la bonne gestion de ses fils et à sa propre vigilance, elle conserva une fortune qui lui permettait de faire des heureux, et elle put se laisser aller sans regrets au besoin qu’elle avait de donner. Ses fils Ferdinand et Thomas, qui la secondaient dans ses écritures, surent souvent seuls ce que sa délicatesse lui inspirait pour ses enfants les moins fortunés, pour des parents éloignés, des amis dont elle était le soutien et la providence. Généreuse envers les prêtres, elle donnait largement pour les messes et les prières qu’elle faisait dire sans cesse pour les divers besoins de la famille. Quant aux pauvres et aux bonnes œuvres, on peut dire qu’elle avait toujours la main à la bourse avec générosité ; aussi partout où elle a passé, elle a été appelée la « bonne Mme Chauviteau ». Elle n’aimait pas qu’on rappelât ses dons et que les personnes qu’elle avait secourues vinssent l’obséder d’une reconnaissance flatteuse ; rien ne lui était plus désagréable, et elle le laissait voir sans détour.

Mais pour suffire à satisfaire sa grande libéralité, elle était économe et ne dépensait pas en fantaisies inutiles ; souvent elle se donnait le plaisir de faire de beaux cadeaux à ses enfants, mais c’était toujours quelque chose d’utile, qu’elle savait être désiré ; elle était heureuse de réussir à faire une surprise agréable et souvent accompagnait le cadeau d’un bon conseil, d’une recommandation sérieuse qu’elle savait faire accepter de bonne grâce.

Exacte à payer pour ainsi dire au comptant, elle tenait elle-