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combien ses domestiques, rivalisant avec ses enfants, étaient touchants eux-mêmes !

Le 8 septembre 1879 devait pour la dernière fois réunir les trois Séraphine. On était à Versailles. Ferdinand arriva du Havre pour cette fête si chère à tous. Mamita le désirait et le demandait depuis quelques jours. Sophie vint de Dugny. René de Laboulaye fit un charmant sonnet de circonstance. Mamita resta triste et chacun avait le cœur serré.

Le retour de Versailles s’était fait précipitamment et assez tristement. Mamita était souffrante, inquiète elle-même autant que ses enfants ; elle se remit à Paris ; en octobre elle était assez bien et sortait tous les jours pour profiter des derniers rayons du soleil ; la famille était encore dispersée, et chacun au loin. Thérèse vint passer quelques jours auprès d’elle et l’accompagnait au Bois. « Eh bien ! Thérèse, comme il y a longtemps que nous n’avions fait notre petite promenade ensemble ! » Elle était affectueuse, expansive, et se plut à parler du passé, des absents, de ceux qu’on avait aimés et pleurés ; ces quelques jours passés auprès d’elle furent doux, mais empreints d’une certaine tristesse.

En décembre, la saison devint rigoureuse. Mamita ne sortit plus.

Le jour de l’an 1880 lui avait apporté le tribut accoutumé des tendres et nombreux souhaits de tous ; elle avait encore pensé à chacun et à chaque absent.

L’hiver était exceptionnellement froid. Mamita s’enrhuma après un bain dans les premiers jours de janvier. Une Sœur venait depuis un mois passer la nuit auprès d’elle ; les soins, les précautions redoublaient, mais non sans inquiétude : une nuit la fièvre se déclara, et le mercredi 13 janvier, lorsque Séraphine vint remplacer la Sœur, Mamita avait perdu la parole ; le médecin fut appelé. En présence de Séraphine et de Ferdinand, Mamita, sortant de cette absorption, sans effort, fit un grand signe de croix et récita son Credo tout entier, à haute et intelligible voix.

Trois jours se passèrent dans des alternatives peu rassurantes ; la poitrine était engagée, la respiration de plus en plus pénible, la fièvre ne cédait pas ; le médecin venait plusieurs fois par jour ; malgré l’absorption souvent assez grande, chacun recevait d’elle un mot affectueux. Sophie, Marguerite, Charlotte venaient fré-