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mort de Louis ! Francis, établi à la Thomasserie, Hermet se fixe à Amboise pour sa santé. Les bonnes réunions de famille ont lieu en Touraine l’été. Micaëla, mariée en 1838, Louise en 1841 ; Charlotte, inséparable de Mamita et de Thomas, demeure la grande attraction de tous. En 1845 elle se marie, mais sans perdre sa place l’hiver en famille. Cette même année, Francis et Thomas mariés, Ferdinand vient auprès de sa mère. En 1848, Mamita se réfugie à Amboise et y fait un long séjour. À la suite de cette année néfaste commence une série d’épreuves. Dispersion en Californie, vente de la Thomasserie, départ de Ferdinand et mort d’Hermet. Séraphine et ses filles remplacent trois hivers Ferdinand auprès de Mamita ; mort de Micaëla, de Charlotte, d’Octavie, de Joséphine, et longues épreuves de la bonne Sophie. Puis vient la guerre de 1870, la dispersion de tous, l’exil à Norwood, la mort d’Angéline. Mamita reste la consolation de tous les affligés, elle sera la mère de trois petites orphelines ; Thomas avec sa fille Madeleine ne la quittait plus. Louisette et Aline semblent faire revivre pour elle sa bien-aimée Carlota. C’est toute une génération nouvelle qui l’entoure et l’entourera bientôt de nombreux petits-enfants.

Notre chère Mamita voyait donc croître chaque année sa nombreuse descendance ; elle pouvait compter une dizaine de jeunes femmes, mères de famille, tendrement dévouées à tous leurs devoirs et sur lesquelles l’esprit du monde n’avait aucun empire ; c’était pour elle la plus belle récompense, et, dans ses conversations intimes, après avoir rappelé souvent bien des tristesses, elle en venait toujours à dire : « Je n’ai au moins qu’à bénir le bon Dieu pour toutes ces petites femmes qui sont si raisonnables et qui font toutes de si bons ménages. » On voyait combien elle appréciait aussi l’union qui régnait entre elles, et nous, dans notre cœur, nous bénissions Dieu de nous avoir donné à toutes un tel exemple dans notre chère Bonne-Maman. Une part aussi avait été faite au sacrifice. Deux de ses petites-filles était religieuses l’une à la Visitation du Mans, l’autre auxiliatrice ; deux de ses arrière-petites-filles étaient, l’une à la Visitation et l’autre au Carmel ; son arrière-petit-fils Louis, son filleul, était entré dans la Compagnie de Jésus.