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toire ne nous le dit pas, mais il nous est permis de le supposer, et rien dans l’avenir ne le démentira. Il montra de bonne heure l’indépendance de son caractère ; à trois ans, il était sorti de Bristol en battant le tambour et se faisant suivre de tous les enfants du quartier. La vigilance paternelle avait interrompu cette brillante expédition. À la Havane, il devint si entreprenant et si difficile à garder, au milieu des petits nègres, qu’il fallut le renvoyer aux États-Unis, dans la même pension où étaient déjà ses deux frères aînés.

Une grande douleur attendait Bonne-Maman et devait bien attrister les joies du retour. Sa mère venait de mourir ; et il fallut en arrivant lui annoncer la triste réalité.

La vie s’écoula paisible et fortunée. Thomas naquit en 1813, et Philippe en 1815.

Un vieux tableau de famille représentait M. et Mme Chauviteau assis dans une de ces salles dallées, comme il y en a dans les colonies, la petite Séraphine debout entre eux deux, les trois petits garçons Francis, Thomas et Felipe jouant autour d’eux ; au fond, sur la muraille, les portraits des trois fils aînés, alors aux États-Unis. Ces portraits étaient fort ressemblants, non seulement par la physionomie, mais aussi par l’attitude de chacun.

Au printemps de 1817, la santé de Bon-Papa exigea un nouveau voyage aux États-Unis. Il perdait à Bordeaux son père et sa mère qu’il aimait tendrement et qu’il avait longtemps espéré rejoindre. Il fut envoyé aux eaux de Saratoga. Bonne-Maman laissa ses trois petits garçons à sa famille et accompagna son mari avec Séraphine, âgée de sept ans ; on s’arrêta à Philadelphie, à New-York, à Boston, on revit Louis et Ferdinand restés au collège. Jean était déjà en France. Les fleurs, les fruits si nouveaux pour elle, les rues de ces villes américaines, d’un aspect si différent de celui de la Havane, charmaient la petite Séraphine. Son père aimait à la promener et à jouir de ses étonnements enfantins. Il la choyait beaucoup — entre sept garçons, elle était encore la seule fille, et elle conserva toujours le souvenir des prédilections de ce bon père. Au retour de ce voyage, Mamita mit au monde une seconde fille, Micaële ; puis, en 1819, elle eut Louise, et en 1820, Charlotte, charmant trio que Paris devait