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mains des insurgés. Mais le danger était passé, et l’on faisait route pour les États-Unis.

Bon-Papa était Français. Sa famille était originaire de la Vendée. Depuis plusieurs siècles, les Chauviteau avaient parcouru les mers ; leur nom est inscrit dans les registres de l’île d’Yeu, dès 1400, comme coureurs de mer et propriétaires de barques, — on le voit figurer aux registres de paroisses pour dons importants faits à l’église ; testaments et autres actes publics, — on peut les suivre pendant trois siècles, presque sans interruption ; plusieurs sont prêtres, mais il y a toujours un homme de mer ; et tandis qu’au siècle dernier une branche va s’établir à la Martinique, l’autre reste en Vendée et s’éteint en 1875, en la personne de Benjamin Chauviteau, décédé à la Chalonnière, propriété héréditaire des Chauviteau. Dans l’île d’Yeu, il y a encore un vieux château marqué sur la carte du nom de Ker-Chauviteau.

Notre grand-papa Jean-Joseph Chauviteau avait perdu, en 1804, un frère nommé Chalonnière, du nom de la propriété de la Vendée. Il avait aussi une sœur Sophie, qui avait épousé son cousin, M. Guénet, dont elle eut trois fils et trois filles. Nous aimerons à parler de cette femme de tant cœur et d’esprit. Elle était déjà aux États-Unis, quand son frère vint s’y réfugier avec sa famille ; elle le suivit quelque temps à la Havane, et, devenue veuve, vint rejoindre son père et sa mère à Bordeaux, où nous la retrouverons en 1817.

Bon-Papa et Bonne-Maman s’établirent à Bristol, avec leurs enfants. Le climat, la langue, les usages, tout fut nouveau et sujet à épreuve pour notre chère Mamita ; mais avec sa bonne grâce et l’énergie de son caractère, elle fit face à toutes les difficultés, Sa bienveillance et son affabilité ne tardèrent pas à la faire connaître de toute la colonie, et sa maison devint le rendez-vous de la société, aussi bien que le centre religieux de la mission. Il n’y avait pas alors de prêtre à demeure, à Bristol ; on y vivait comme dans les missions, attendant la visite du Père. Ce fut une grande épreuve pour Bonne-Maman ; aussi, quelle n’était pas l’effusion de sa joie quand arrivait le missionnaire ! Son salon était alors transformé en chapelle, les catholiques s’y réunissaient de toute la ville pour assister au saint sacrifice de la messe et rece-