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APPENDICE


MAMITA

Longtemps, bien longtemps encore, le souvenir de la chère Mamita éveillera de douces émotions au cœur de ses petits-enfants. Longtemps, longtemps encore le nom de la bonne Mme Chauviteau sera prononcé avec de bien affectueux regrets par ses nombreux amis et tous ceux qui l’ont connue. On aimera à regarder cette aimable physionomie, dont la photographie nous redit la finesse et la bonté, cette bonté exquise, la bonté du cœur, à laquelle des manières gracieuses ont donné tant de charme. Accueil bienveillant, conversation animée, émotion vive et facile, sollicitude vraie et empressée pour tous, c’est le cœur qui se révèle, le cœur qui se rend sensible à tous ; et ce cœur, il attire, il attache et il charme : en un mot, il se fait aimer. Oui, elle a été aimée cette mère, cette aïeule, et trisaïeule, mais elle a aimé et elle a beaucoup aimé ; oui, elle a été entourée de tendresse et de sollicitude, plus que toute autre mère, mais quelles n’étaient pas sa sollicitude et sa tendresse pour ses quatre-vingts enfants, depuis l’aîné de tous jusqu’au plus petit ; oui, elle a étendu sur tous un empire irrésistible d’amour et de vénération ; mais un mot en dira le secret : c’était une grande chrétienne.

Elle a connu les jouissances de la fortune, les joies de la famille ; elle en a connu les épreuves et les tristesses, elle a toujours été la femme forte, s’oubliant pour être toute à tous et être à tous, l’exemple, le conseil, le soutien, le cœur toujours ouvert pour pleurer avec ceux qui pleurent, pour se réjouir avec les heureux ; donnant ses veilles et ses prières au chevet des malades, ses sourires et ses joies au berceau des nouveau-nés, pour tous ayant sur les lèvres, parce qu’elle les avait dans le cœur, une parole de foi, une prière de l’Église, un enseignement, une bénédiction ; et ce caractère si chrétien, elle ne l’imposait pas comme une obligation, elle ne s’en parait pas comme d’un défi jeté au