rait à Minne que c’est un poète dans la purée qu’elle n’en serait pas surprise !
Minne étend sur le strapontin ses jambes minces, tout engourdies d’une saine lassitude. La poussière blanche veloute ses pieds vernis, qui ont si activement erré. Elle se sent pleine de malice et de mansuétude, et sa colère contre Antoine se repose. Minne s’alanguit dans la victoire.
Il est cinq heures à peine lorsqu’elle rentre avenue de Villiers ; Minne songe qu’elle va pouvoir s’accorder deux grandes heures de robe de chambre, de pieds nus dans les petits mocassins de daim cru, de cheveux frais en pluie lisse sur les épaules…
Mais il est dit que ce soleil qui baise, couleur de mandarine, les rideaux roses, ne veillera pas le doux farniente de Minne… Antoine est rentré ; et sa présence coupe aux lèvres de Minne un bâillement satisfait de chatte somnolente…
— Comment, tu es là ?