mentir, qu’elle cultive de nouveau ce jardin pervers, féerique, mal connu, où erra toute son enfance de fillette mystérieuse…
— Tiens, le petit Couderc, remarque Antoine.
L’œil seul de Minne a bougé :
— Où donc ?
— Il vient d’entrer dans la loge des Chaulieu. Ce qu’ils y jabotent dans cette loge ! On les entend d’ici.
Effectivement, Irène Chaulieu jase comme à l’Opéra, se pose de trois quarts contre le rouge triste de la tenture, et ses paupières à l’orientale battent, pour exprimer la lassitude, le désir, la défaite voluptueuse. Des dentelles authentiques et défraîchies pendent de ses manches, engoncent son cou.
— C’est pourtant vrai, souffle Minne, qu’elle a toujours l’air de s’habiller chez les revendeuses de la rue de Provence.
Elle a feint de soigneusement éplucher la toilette d’Irène, afin de constater, sur toute