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Doré ; au bout de deux pages je retournais, déçue, à Doré. Je n’ai lu l’aventure de la Biche, de la Belle, que dans les fraîches images de Walter Crane. Les gros caractères du texte couraient de l’un à l’autre tableau comme le réseau de tulle uni qui porte les médaillons espacés d’une dentelle. Pas un mot n’a franchi le seuil que je lui barrais. Où s’en vont, plus tard, cette volonté énorme d’ignorer, cette force tranquille employée à bannir et à s’écarter ?…

Des livres, des livres, des livres… Ce n’est pas que je lusse beaucoup. Je lisais et relisais les mêmes. Mais tous m’étaient nécessaires. Leur présence, leur odeur, les lettres de leurs titres et le grain de leur cuir… Les plus hermétiques ne m’étaient-ils pas les plus chers ? Voilà longtemps que j’ai oublié l’auteur d’une Encyclopédie habillée de rouge, mais les références alphabétiques indiquées sur chaque tome composent indélébilement un mot magique : Aphbicécladiggalhy- maroidphorebstevanzy. Que j’aimai ce Guizot, de vert et d’or