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Quand j’eus quatorze, quinze ans — des bras longs, le dos plat, le menton trop petit, des yeux pers que le sourire rendait obliques — ma mère se mit à me considérer, comme on dit, d’un drôle d’air. Elle laissait parfois tomber sur ses genoux son livre ou son aiguille, et m’envoyait par-dessus ses lunettes un regard gris-bleu étonné, quasi soupçonneux.

— Qu’est-ce que j’ai encore fait, maman ?

— Eh… tu ressembles à la fille de mon père.

Puis elle fronçait les sourcils et reprenait l’aiguille ou le livre. Un jour, elle ajouta, à cette réponse devenue traditionnelle :