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du délire, c’est du sadisme, c’est du vampirisme, c’est du sacrilège, c’est… je ne sais même pas ce que c’est !…

Elle contemplait le coupable, par-dessus l’abîme qui sépare une grande personne d’un enfant. Elle cueillit, d’un râteau irrité, dalles, couronnes et colonnes tronquées. Mon frère souffrit sans protester qu’on traînât son œuvre aux gémonies, et, devant la pelouse nue, devant la haie de thuyas qui versait son ombre à la terre fraîchement remuée, il me prit à témoin, avec une mélancolie de poète :

— Crois-tu que c’est triste, un jardin sans tombeaux ?