célèbre, la dame aguerrie et moi. Les flancs de la nacelle recèlent, m’assure-t-on, assez de vin, de sandwiches et de chocolat pour que l’atterrissage en terre déserte offre l’agrément d’une garden-party.
Un sac de lest coule dans la Seine que nous franchissons, et crible l’eau avec un joli bruit de perles. Nous, nous sourions, confiants, étonnés seulement de progresser sans le secours assourdissant d’un moteur, sans laisser derrière nous un sillage de fumée, ni l’odeur de l’essence, de l’huile et du fer chauffé…
— Deux cents… deux cent cinquante mètres seulement… Mes enfants, je vous en prie, une minute d’attention ! Nous laissons bien la tour Eiffel à gauche ?
— Mais oui, mon vieux, mais oui…
Le pilote seul trouble cette fête du départ. Sa sagacité dévouée gêne notre joie d’irresponsables, et qu’avons-nous de commun avec la tour Eiffel ? Quel besoin, au lieu de rester comme nous satisfait et contemplatif, quel besoin a-t-il, ce pilote, de tripoter des instruments inutiles et de pincer obstinément le lombric de caoutchouc qui pend au ventre rond du statoscope ? C’est tout juste si nous ne récompensons pas son zèle par une commisération injurieuse, en l’adjurant de ne pas s’agiter… Notre bulle couleur d’or monte, monte… Que n’imite-t-il sa sérénité ?…
— Nous dépassons la tour, hein ?