savoir. Je prends la main de celui que j’aime, pour me rassurer, et je le regarde. Il se débarrasse, au hasard, de son chapeau, de ses gants, et s’étire un peu en arrière avec un soupir tremblé. J’aime ses beaux yeux sombres, et son nez courbé, et ses cheveux dédorés qu’un vent habile peigna. Je me rapproche de lui, mais il se dérobe, méchant, s’écarte et me contemple, pendant que j’achève de perdre toute ma belle hardiesse. Je joins les mains :
— Oh ! s’il vous plaît, dépêchez-vous !
(Hélas ! je ne savais pas que ce mot fût si drôle.)
Il s’assied :
— Viens, Claudine.
Sur ses genoux, il m’entend respirer trop vite ; sa voix s’attendrit :
— Tu es à moi ?
— Il y a longtemps, vous le savez bien.
— Tu n’as pas peur ?
— Non je n’ai pas peur. D’abord, je sais out !
— Quoi, tout ?
Il m’a couchée sur ses genoux et se penche sur ma bouche. Sans défense, je me laisse boire. J’ai envie de pleurer. Du moins, il me semble que j’ai envie de pleurer.
— Tu sais tout, ma petite fille chérie, et tu n’as pas peur ?