Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reprend peu à peu son sourire de belle vieille dame qui a couché aux Tuileries.

Les adieux, les à bientôt, et la rue froide, après la tiédeur enfermée du salon.

Un fiacre à pneus nous reçoit à la station de la rue Jouffroy ! Je ne suis pas encore blasée sur la joie des pneumatiques, et je l’avoue. Marcel sourit sans rien dire. Tout de suite, j’attaque :

— Il est gentil, votre père.

— Gentil.

— Contenez votre tendresse délirante, ô le plus passionné des fils !

— Qu’est-ce que vous voulez ? Je ne vais pas découvrir papa aujourd’hui, n’est-ce pas ? Il y a dix-sept ans que je le connais.

(Je me renferme dans une discrétion blessée.)

— Ne boudez pas, Claudine, c’est trop compliqué à expliquer, tout ça.

— Vous avez bien raison, mon ami, ça ne me regarde en aucune façon. Si vous ne le montez pas en épingle, votre père, vous devez avoir vos raisons.