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la vieille, tu as une d^froque, doime-la k cette bonne fille et laisse-la faire k sa t£te.

» — 11 n'y a que les riches qui donneut, repartit la vieille, et je ne puis rien donne.r ; mais je lul ven- drai ces habits pas cher si elle en veut. *

Nous convinmes de prix ; je payai la vieille comp- tant et j'eraportai ses nippes dans mon tablier ; le soir j'appropriai et je' recoupai k ma taille la robe bleue k galon rouge et j'essayai le petit chapeau rond de toile cir^e; il n'avait plus le num^ro du rigiment, car je devais £tre Ik en contrebande. J'^tais log^e Chez la jeune dame; je lui racontai ce que je voulais faire, et elle me promit de n'en pas parler.

« — Je voudrais 6tre k ta place, me^disait-elle, je ferais ce que tu fais ; tu es robuste, toi, Ion corps peut porter ton coeur ; mais moi on m'a 61ev6e mol- lement , et si je voulais marcher longtemps pour suivre celui que j'aime, je tuerais notre pauvre en- enfant que je sens d^jk remuer. »

L'arm^e se mit en campagne un matin, musique sonnante et drapeaux d^ployfc. Pierre ne' m'ayait vue qu'un moment en cachette; il ne savait rien et me dit ; •