Page:Colet - Une histoire de soldat - 1856.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose de cette flamme passe dans les marbres qu’il anime : marbres peu nombreux, perdus parmi la banale sculpture du temps, mais dont la postérité sentira le souffle vivant qui les place d’avance entre ce qui reste du Puget et de Germain Pilon. — C’était ensuite un jeune romancier sobre, sans lyrisme, et préférant un petit tableau de genre net, circonscrit, au large diorama pâteux et dilaté d’un faux romantisme. — C’était encore un philosophe de vingt-cinq ans : front superbe, vaste cerveau qui couronne un œil bleu, fluide et clair comme une eau rapide ; cœur naïf, intelligence expérimentée ; enfant des Charmettes, madame de Warens l’eût préféré à Rousseau, et Voltaire l’aurait aimé comme un fils ; dès son premier livre, il s’est montré digne d’avoir pour père ce railleur glorieux.

À côté de ces hommes, pour les écouter et les inspirer, c’étaient quelques femmes bonnes et belles, quelques jeunes filles, compagnes de mademoiselle de Lerme, se tenant avec elle à l’écart et éclairant, pour ainsi dire, le salon de leur rayonnement, tandis que le groupe plus nombreux et plus grave des autres personnes désignées entourait le fauteuil de madame de Lerme, en hiver auprès de la cheminée, en été sur une petite terrasse couverte de fleurs et abritée par une tente chinoise.