Page:Colet - Une histoire de soldat - 1856.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


UNE
HISTOIRE DE SOLDAT.



C’était un soir chez madame de Lerme ; nous nous retrouvions là deux fois par semaine quelques habitués, et presque toujours les mêmes ; en tout une huitaine : un savant vraiment érudit, mais n’étalant aucune science ; aimable et gai, conteur rapide et pittoresque, plus substantiel dans ses courts récits que tous les longs romans qui courent les journaux ; — un grand écrivain, poète discret, prosateur contenu et rare, et qui a fait pourtant le drame le plus inspiré et le plus émouvant du théâtre moderne ; — un sculpteur dont Diderot et Grimm auraient cité l’esprit et dont l’originalité est d’autant plus tranchée que tout le troupeau des artistes contemporains, musiciens, peintres et statuaires, forment comme un fond opaque à ce feu pétillant. Quelque