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PROMENADE EN HOLLANDE.

— C’est qu’alors ils ne nous aiment plus ! dit tristement Marguerite.

— Ils vous aiment et seront loyalement vos maris au retour y reprit Van Hopper ; mais ils pensent accomplir un devoir en partant, et ils mettront leur orgueil d’homme à ne pas y manquer. »

Le sincère Van Hopper croyait aveuglément au prétexte que Guillaume et Georges avaient saisi au vol pour justifier leur départ. Le bonhomme, trouvant instinctivement dans son cœur ce qui pouvait apaiser Marguerite et Rosée, leur faisait comprendre qu’il redoublerait de tendresse pour elles, puis les rappelait à la dignité. Il ne fallait pas que le monde surprît en elles la peur de l’oubli ou de l’abandon. S’ils partaient, elles devaient dire hautement qu’elles y consentaient, qu’elles les attendraient, qu’elles étaient liées à eux pour toujours, qu’elles ne se regardaient plus seulement comme leurs fiancées, mais comme leurs veuves ; puis il ajoutait : « Ils reviendront, j’en suis sûr, plus aimants, plus épris, déplorant de vous avoir quittées et vous restant désormais enchaînés. »

La soirée de ce jour, si différente du beau soir de la veille, s’écoula dans ces ingénieuses consolations que l’amour paternel inspirait au bon Van Hopper.

Quand les deux jeunes filles se retirèrent dans leur chambre, elles étaient découronnées de leur