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PROMENADE EN HOLLANDE.

Il y eut une halte de quelques secondes de silence, pendant lesquelles Georges se monta à la lutte.

« Voyons, reprit-il, si nos mères exigeaient ce voyage dans les Indes pour nous assurer toute leur fortune, ne trouvez-vous pas qu’il serait courageux à nous de consentir ? Ce serait un sacrifice.

— Dont nous ne voulons pas, répliqua Rosée.

— Ou que nous partagerons, dit vivement Marguerite ; nous voilà fiancés et bientôt mariés, nous pouvons vous suivre partout.

— Halte-là, fille ingrate ! s’écria Van Hopper ; j’étais heureux de mettre deux enfants de plus dans ma maison : c’était du mouvement et de la vie ajoutés à ma vieillesse ; mais au lieu de cela vous perdre, vous, mes deux vrais enfants, faire la maison vide et silencieuse ! C’est donc ma mort que vous voulez ! »

Le vieillard s’affaissa sur un fauteuil et couvrit son visage de ses mains.

Rosée l’embrassa la première et lui dit :

« Cher père, nous saurons attendre et souffrir s’il le faut ; mais vous faire souffrir, vous quitter, jamais ! »

Georges s’approcha :

« Vous êtes résignée et forte. Rosée ; voilà bien comme la femme doit être.

— Mais que veut dire tout ceci ? reprit impérieu-