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PROMENADE EN HOLLANDE.

y aurait bien vite transporté leurs livres, leurs armes, tout ce qui les entourait dans leur vie ordinaire, disait le capitaine.

Georges et Guillaume tressaillirent : il semblait que cette nouvelle voix tentatrice avait deviné leurs combats intérieurs.

Le capitaine voulut nous garder à déjeuner. Comme le temps était superbe, on dressa la table sur le pont, sous une tente orientale. Les marins entonnèrent un chœur national pendant que nous portions des toasts. Le capitaine dit à son tour, en levant son verre : « À vos amours, messieurs ! » Georges et Guillaume n’osèrent boire à leurs belles fiancées.

La journée était déjà fort avancée quand mes amis rentrèrent chez eux. Cette fois-ci ils ne purent éviter de regarder la maison de M. Van Hopper : car Rosée et Marguerite, accoudées à une fenêtre toute grande ouverte, ne détachaient pas leurs yeux de la rive opposée. Il y a dans le regard qui nous cherche, ou qui s’arrête obstinément sur nous, une attraction qui nous force à y répondre ; aussi Georges et Guillaume tournèrent-ils involontairement leurs yeux vers les deux jeunes filles qui leur souriaient et les appelaient du geste, tandis qu’un domestique à la livrée des Van Hopper accourait vers nous et disait à mes deux amis que ses maîtres les attendaient et étaient inquiets de ne