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PROMENADE EN HOLLANDE.

Van Mayer allait être signé. Rosée, à qui sa blancheur légèrement colorée avait fait donner ce nom d’une de nos femmes peintres célèbres, perdit sa mère fort jeune encore ; Marguerite n’avait jamais connu la sienne. Le père de Rosée mourut qu’elle n’avait pas douze ans ; il confia l’orpheline à son ami l’armateur Van Hopper, qui fit élever sous ses yeux ses deux filles, comme il les appelait, par une institutrice anglaise romanesque. Van Hopper n’avait d’autre soin que de leur amasser des millions, et savourait avec orgueil le bonheur de les voir croître en instruction et en beauté. Rosée et Marguerite étaient si parfaitement belles de quinze à dix-sept ans, qu’elles furent surnommées, à l’unanimité des voix aristocratiques et populaires, les deux jolies filles de Rotterdam.

Jugez du contentement et de l’ivresse du père, quand il découvrit que ces deux adorables créatures étaient recherchées et aimées par les deux plus beaux, par les deux plus riches et par les deux plus intelligents garçons de Rotterdam ; ils demeuraient justement en face, dans l’autre maison aujourd’hui fermée ; fils de deux sœurs restées veuves très-jeunes, ils furent d’abord élevés sous la direction de leurs mères, dont ils étaient tout l’amour, toute la passion ; puis ils terminèrent leurs études à l’Université de Leyde, où nous nous liâmes d’une amitié fraternelle qui dure toujours.