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PROMENADE EN HOLLANDE.

— C’est bien, voilà mon dernier atermoiement : et maintenant je commence. »

Trois minutes après, nous étions installés dans le cabinet du docteur, assis sur deux fauteuils délectables : le mien était placé en face des quatre portraits, et le sien leur tournait le dos. Des charbons incandescents brûlaient dans la cheminée, parfumés par quelques branches de genièvre.

La table à thé placée entre nous deux était surchargée de tasses, d’un réchaud à l’esprit-de-vin et de pyramides de gâteaux croquants. Je jetai un regard furieux sur ce nouvel intermède et je dis au docteur :

« Je m’oppose à ce que vous savouriez une seule goutte de votre thé vraiment chinois avant que votre récit soit terminé.

— Je commence, » répéta-t-il en s’allongeant dans son fauteuil

En 1840, la maison, aujourd’hui close, que vous venez de regarder à côté de la mienne, était ouverte et comme illuminée, durant une belle soirée de juin. Les domestiques en livrée allaient et venaient de la porte d’entrée à la porte du salon, introduisant des hommes et des femmes en toilette de fête. Ce n’était pas un bal qui se donnait chez le seigneur Van Hopper, un des plus riches armateurs de Rotterdam : c’était une soirée de fiançailles où le double contrat de sa fille Marguerite et de sa pupille Rosée