Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
PROMENADE EN HOLLANDE.

écrire aux chers absents et pour y rêver dans la solitude en regardant le cours de la Meuse longtemps maudite qui les avait emportés, mais aujourd’hui bénie, car c’est sur ses eaux que glisserait le vaisseau qui les ramènerait. Là encore mille reliques du cœur étaient entassées. Nous rentrâmes dans le parloir.

« Allons, ma chère Rosée et ma chère Marguerite, leur dit le docteur, toujours un peu sardonique, en attendant le dîner, continuez de faire visiter votre maison à madame : c’est le musée de la fidélité. »

Rosée était la pauvre femme amaigrie par l’attente et le désir refoulé.

Marguerite était la femme vivace.

Je les suivis, tandis que le docteur se mit à lire les journaux du jour déposés sur un guéridon.

La pièce en face du parloir, et d’égale grandeur, servait de chambre aux deux amies. Elle était tendue de lampas bleu de ciel. Deux lits jumeaux en bois de citronnier étaient placés parallèlement ; ils avaient en face les deux portraits de Georges et de Guillaume, copies ou originaux de ceux que j’avais vus dans le cabinet du docteur, de sorte qu’au réveil, du fond des rideaux drapés aux colonnes torses qui soutenaient le ciel de lit, Rosée et Marguerite souriaient aux visages toujours jeunes et aimés de leurs fiancés. Ces portraits étaient les seuls orne-