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PROMENADE EN HOLLANDE.

Sur la table à jeu reposait un échiquier chinois ; sur la table à thé, où s’ébattaient des oiseaux au vif plumage, d’exquises tasses du Japon s’étalaient sur trois lignes. Les murs du parloir, en stuc blanc bordé d’or, disparaissaient sous l’encombrement des étagères, chargées de curiosités dont le dénombrement est impossible, sous les toiles peintes, les pastels, les découpures en silhouettes et les tissages de cheveux formant des tableaux d’un très-mauvais goût ; la chevelure des bien-aimés avait servi à ces compositions sentimentales. Deux portraits au pastel représentaient encore les chères images, mais affadies, pour ainsi dire, par les teintes roses et bleuâtres et par un cercle de tulipes et d’œillets qui entourait les deux figures. Ces pastels étaient l’ouvrage des deux héroïnes ; les cinq premières années de la séparation s’étaient passées à les parfaire ; elles me les montrèrent avec complaisance.

« Voilà Georges, me dit la blonde cendrée.

— Voilà Guillaume, » ajouta la blonde aux cheveux d’ambre.

Je répliquai quelques-uns de ces mots qui lient bientôt les femmes ; car toutes se comprennent par l’amour.

Dans un angle du parloir était une petite porte, masquée par un rideau, qui conduisait au boudoir des deux amies ; c’est là qu’elles se retiraient pour