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PROMENADE EN HOLLANDE.

opale sur lequel s’enlaçaient et brillaient en relief un R et un M en bronze doré. Les quatre fenêtres du rez-de-chaussée, parallèles à la porte, étaient ouvertes et laissaient voir de beaux stores frémissants, tout éclatants de peintures, de fruits bizarres et de grands oiseaux de l’Inde, de la Chine et du Japon. Les fenêtres du premier étage et celles du second, que couronnait une toiture en terrasse d’où des fleurs s’échappaient encore, étaient entièrement closes ; mais tout à coup, lorsque notre voiture s’arrêta en face du pont, une des fenêtres s’ouvrit, et le docteur me dit : « Regardez ! » En même temps il baissa à demi le store de la voiture, et je vis deux femmes se pencher : l’une était vêtue de blanc et l’autre de bleu ciel ; toutes les deux étaient blondes, et à distance, malgré les altérations que je constatais déjà, je reconnus les deux femmes des portraits. Bientôt leurs voix se firent entendre.

« Ce sont eux ! ce sont eux ! » répétaient-elles avec de petits cris joyeux.

Et en quelques secondes la porte de la maison s’ouvrit, et nos deux héroïnes accoururent sur le pont. Le docteur descendit bien vite de voiture et détrompa leur joyeuse erreur ; il me nomma et me présenta. Elles rougirent légèrement, ce qui répandit sur leur visage comme un retour de jeunesse qui les fit pour un instant plus ressemblantes à leurs portraits. Elles étaient belles encore, mais