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PROMENADE EN HOLLANDE.

Pas une de ces maisons n’est semblable, et pourtant toutes ont la même physionomie de calme, de propreté et de torpeur. La campagne du Midi est parfois silencieuse, sous l’intensité d’une grande chaleur ; ici, l’humidité, qui pèse, pour ainsi dire, sur l’atmosphère, produit un effet analogue. Cependant, quelques croisées ouvertes, laissant apercevoir des stores aux couleurs tranchées, des cages d’oiseaux, des lampadaires de fleurs ou un fragment de meuble et d’intérieur, répandent comme un sourire sur ces habitations si froides ; on devine qu’au dedans sont la pensée et la vie.

Le docteur me fit remarquer plusieurs détails d’ornementations puériles qui ornent les façades : tantôt ce sont des bas-reliefs de fleurs, de poissons ou d’animaux ; tantôt quelque beau marbre antique réduit en statuette badigeonnée ; tantôt des chinoiseries ou des idoles japonaises peintes en couleurs criantes. Après un quart d’heure de promenade à travers ces habitations étranges et qui me charmaient par leur étrangeté même (car tout voyageur est curieux de ce qui est inusité), nous nous trouvâmes en face d’une maison plus coquette et plus enluminée qu’aucune de celles qui m’avaient frappée jusque-là ; elle s’élevait pour ainsi dire du milieu d’une corbeille de fleurs dessinée par un grillage ovale en fer doré, sur lequel retombaient des plantes flexibles, tandis que d’autres montaient