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PROMENADE EN HOLLANDE.

Mme Desbordes-Valmore, qui a fait de si beaux vers sur l’amour.

Rachel-Ruys, cette rivale souvent triomphante de Van-Huysum, a là une de ses toiles les plus mouvementées : ce sont des fleurs, des mousses, des insectes, des lézards frétillants, des escargots qui rampent sur des champignons vénéneux ; tout cela d’un fini et d’une vérité à défier la loupe.

Un grand tableau de Jordaens représente une corybante charnue, délirante, la tête ivre ; c’est une belle page de ce maître, que nous retrouverons si grand au Palais du Bois, à la Haye.

Je regarde à ma montre : il est près de trois heures, et je dis adieu aux tableaux en rappelant au docteur la visite et l’histoire qu’il m’a promises. Il donne un ordre au cocher et nous nous dirigeons vers le Boompjès, d’où je revois la splendeur de la Meuse couverte de ses grands vaisseaux.

« Avant de nous perdre dans les sinuosités du Plantage, me dit le docteur, laissez-moi vous montrer un coin pittoresque et caché de Rotterdam, dont votre peintre Descamps ferait un admirable tableau.»

La voiture quitta un moment le quai pour s’enfoncer à droite, et nous nous trouvâmes au bord d’un large et profond bassin aux eaux sombres, d’où s’élançait un vieux moulin à vent aux vastes ailes délabrées (le plus ancien sans doute des moulins à vent de la Hollande). Sur le bassin gisaient immo-