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PROMENADE EN HOLLANDE.

— Sont-elles toujours belles ? lui dis-je.

— Vous verrez bien, répliqua le laconique docteur ; d’ici à trois heures nous avons le temps de visiter toutes les curiosités de la ville. »

J’avais renvoyé mon affreuse vigilante ; le docteur me fit monter dans un excellent coupé anglais qui nous entraîna rapidement aux bords des larges canaux. Ce fut un coup d’œil magique et tout nouveau pour moi : les plus grands vaisseaux, chargés de toutes sortes de produits lointains, parcouraient ces profonds canaux sans jamais s’y entraver ; ils arrivaient ainsi avec orgueil jusque devant les magasins des riches commerçants qui les avaient frétés, et ils y déposaient leurs cargaisons.

Nous nous arrêtâmes sur la place du Marché, qui n’est en réalité qu’un pont très-large jeté sur un immense canal. On y arrive par une pente douce qui dissimule la forme du pont. La construction de quelques-unes des maisons qui l’entourent remonte à l’époque glorieuse où les Pays-Bas secouèrent le joug de l’Espagne ; la date est inscrite sur les tuiles vernies. Sur ce pont appelé place s’élève la statue d’Érasme, aujourd’hui en bronze. Le monument primitif, élevé à Érasme en 1672, avait été d’abord en bois, puis en pierre ; détruit par les Espagnols en 1672, il fut rétabli après l’indépendance de la Hollande, et c’est alors que s’éleva la statue en bronze qu’on voit encore aujourd’hui. Érasme est de-