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PROMENADE EN HOLLANDE.

mençait à engourdir mon corps et à en enchaîner les articulations, de sorte que, tout en voyant parfaitement tous les objets qui étaient autour de moi, il m’eût été impossible de m’en approcher et d’y toucher ; je percevais par l’ouïe comme par les yeux, j’entendais le chant des oiseaux qui étaient dans le parloir voisin et le bruissement des arbustes d’une serre intérieure, sur laquelle s’ouvraient les portes-fenêtres du cabinet du docteur. Ces portes-fenêtres avaient des stores peints, encore plus riches que ceux du parloir ; ils étaient levés à demi pour laisser entrer l’air, les rayons du soleil et la fortifiante senteur des plantes aromatiques. Ma tête qui reposait, un peu renversée, sur le dossier du fauteuil, me permettait de voir tous les détails de l’appartement : de grosses poutres se croisaient en carrés profonds, damasquinés et dorés comme dans un plafond de la Renaissance ; un lustre du même style pendait au centre. La tenture était en cuir bosselé et rehaussé d’or ; quatre armoires d’ébène à nervures d’ivoire formaient buffet à leur base et bibliothèque à leur partie supérieure. Les riches et solides reliures des livres scientifiques éclataient à travers les vitres. Deux de ces armoires étaient placées de chaque côté de la large et profonde cheminée de marbre sculpté, qui me rappela celles de la salle de François Ier à Fontainebleau. En face de la cheminée était une console, aussi en marbre