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PROMENADE EN HOLLANDE.

ville étrangère me rappela aussitôt que j’avais une lettre de recommandation pour le docteur Van A… J… Ce que j’avais de mieux à faire était d’aller le trouver. Je m’habillai en hâte ; je traversai le couloir : le baby criait toujours dans les bras de sa mère, qu’entouraient un mari en caleçon et trois jeunes filles en peignoir.

Je reconnus une des familles anglaises que j’avais trouvées stationnant, dans la cathédrale d’Anvers, en face des tableaux de Rubens. Je ne pus m’empêcher de jeter un regard courroucé à ces importuns flegmatiques qui, partout, s’établissent comme chez eux, sans se préoccuper s’ils troublent et blessent autrui.

La journée était superbe : la pureté de l’air, le mouvement de la voiture qui me conduisait chez le docteur, me ranimèrent insensiblement. Mes yeux seuls refusaient de fonctionner et de regarder la ville. La vigilante s’arrêta après une demi-heure de marche. Mes yeux appesantis s’ouvrirent ; ce fut une charmante surprise : je me trouvais sur le bord d’un large canal aux eaux claires, bordé de vieux ormes et de grandes maisons. Sur les flots qui frissonnaient et coulaient (car ce canal est alimenté par la Rote, petite rivière qui traverse Rotterdam et dont le nom joint au mot dam, digue[1], compose

  1. Une grande digue entoure Rotterdam et défend la ville des inondations de la Meuse.