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PROMENADE EN HOLLANDE.


II

Rotterdam. — Aspect de la ville. — Le docteur van A… J… — Le plantage. — Histoire des deux jolies filles de Rotterdam.


Je m’endors dans un de ces grands lits carrés où une multitude d’oreillers permet de se coucher en tous sens ; les draps sont d’une telle finesse et d’une telle blancheur qu’on voudrait s’en faire des chemises et des mouchoirs : les toiles de Hollande ne mentent pas à leur réputation. Ma chambre donne sur le Boompjès. Parfois je suis réveillée par le passage d’un vaisseau dont les matelots et les mousses jettent des appels dans l’air. À travers le store blanc de ma fenêtre se dessinent, comme des branches mortes d’arbres, les vergues et les mâts des navires qui passent ou qui stationnent sur la Meuse, dont je distingue le bruissement. À quatre heures du matin, je suis tout à fait éveillée par des cris aigus entremêlés de miaulements qui partent du couloir où s’ouvre la porte de ma chambre. Je supporte durant une demi-heure ces modulations féroces, auxquelles des nerfs de géant ne résisteraient pas ; puis je me décide à sonner pour savoir quelle sorte d’animal s’acharne ainsi à mon voisinage. Une