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PROMENADE EN HOLLANDE.

me fis conduire à cette partie des remparts où la scène de carnage s’était passée ; la pluie avait cessé tout à coup. Je mis pied à terre et je me plaçai en face de la porte Ripdorp, encore debout ; les lueurs rouges d’un soleil d’orage remplissaient le vide de son arceau ; il me sembla revoir la porte estouppée par les cadavres sanglants. Je cueillis quelques brins d’herbes dans l’anfractuosité des pierres, et je m’éloignai en pensant à ces hécatombes inutiles de l’histoire.

Une heure après j’étais emportée par le chemin de fer qui conduit d’Anvers à la frontière de la Hollande. Avant même d’atteindre cettre frontière, l’aspect du paysage devient plus plane ; quelques canaux d’irrigation et quelques moulins à vent commencent à se montrer. La campagne est fraîche comme une baigneuse qui sort de l’eau. La vapeur se précipite, un long coup de sifflet se fait entendre, et bientôt les douaniers hollandais vous annoncent la frontière. Cette frontière n’est pas plus visible que celle qui sépare la France de la Belgique, et sans ce poste de soldats à l’uniforme nouveau, on ne croirait pas avoir passé d’un royaume dans un autre.

La nuit tombe quand nous arrivons au bord de la Meuse, où un magnifique paquebot hollandais reçoit les voyageurs. Ces paquebots ont l’immense dimension et le confort des steamers anglais, et de plus,