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PROMENADE EN HOLLANDE.

fleurs de lis de France et aux armes d’Allemagne. Ce portrait a été peint au xive siècle par un artiste inconnu. La tête a été faite d’après une médaille contemporaine de Charlemagne.

En contemplant cette tête si noble et si fière du vieil empereur des Francs, je me souvins du portrait qu’en trace Éginhard, et que mes lecteurs me sauront gré de leur transcrire ici.

« Il était gros, dit le chroniqueur, et robuste de corps ; sa taille était élevée, quoiqu’elle n’excédât pas une juste proportion, car il est certain qu’elle n’avait pas plus de sept fois la longueur de ses pieds. Il avait le sommet de la tête arrondi, les yeux grands et vifs, le nez un peu long, de beaux cheveux blancs, et la physionomie riante et agréable. Aussi régnait-il dans toute sa personne, soit qu’il fût debout, soit qu’il fût assis, un air de grandeur et de dignité ; et, quoiqu’il eût le cou gros et court et le ventre proéminent, il était si bien proportionné que ces défauts ne s’apercevaient pas. Sa démarche était ferme, et tout son extérieur présentait quelque chose de mâle ; mais sa voix claire ne convenait pas parfaitement à sa taille. Sa santé fut constamment bonne, excepté pendant les quatre années qui précédèrent sa mort. Il eut alors de fréquents accès de fièvre ; il finit même par boiter d’un pied. Dans ce temps de souffrance, il se traitait plutôt à sa fantaisie que d’après les conseils des médecins, qui lui