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PROMENADE EN HOLLANDE.

cription de la cathédrale de Cologne : elle se trouve partout. Et d’ailleurs, je crois qu’elle ne peut être ni fidèle ni complète : les innombrables découpures et linéaments de ces chefs-d’œuvre du moyen âge défient l’analyse et la parole. Quand on pense avoir compté exactement chaque colonnette et chaque arête, de nouveaux embranchements aériens vous apparaissent : le calcul et la patience sont déroutés ; le crayon et la plume échappent des mains.

J’entrai dans la cathédrale à cette heure du crépuscule, qui projette si bien à travers les vitraux une lumière recueillie. L’église était déserte ; un bedeau s’approcha de moi pour me présenter l’eau bénite. Je n’aime pas ces goupillons où tant de doigts crasseux ont touché. Un second bedeau réclama mon offrande, une pancarte en main, pour l’achèvement de la cathédrale ; un troisième me proposa de me guider pour visiter l’église. J’échappai à leur triple obsession et je m’avançai seule à travers la nef. Le chœur est admirable, et les vitraux qui y répandent leur jour colorié sont les plus beaux qu’on connaisse.

Je remarque, à la droite du chœur, huché entre deux colonnes, une grande statue en bois peint, représentant saint Joseph qui emporte l’enfant Jésus dans ses bras ; c’est une gigantesque figure contournée et campée à la façon de Michel-Ange. J’ai dit que c’était un saint Joseph, ce pourrait être aussi un saint Chrysostome. En sortant de la cathédrale,