Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
PROMENADE EN HOLLANDE.

deaux de soie. Je m’y place de façon à voir la ville qui va fuir derrière moi. Nous partons à toute vapeur, et mon cœur se serre quand je n’aperçois plus à l’horizon le sommet de la tour d’Utrecht.

Comme toujours, quand mon âme est trop triste, je songe au doux rhythme des vers qui berce le poëte et le raffermit. Ainsi l’enfant, lorsqu’il a peur, chante pour se donner du courage.

Balancée par le mouvement du wagon, et laissant mes yeux errer sur les tableaux successifs de la route, je murmure ou plutôt je fredonne sur un air monotone les vers qu’on va lire :

La vapeur pousse un cri sauvage,
Le dernier signal est donné :
On part ; me voilà mise en cage
Dans du velours capitonné.

Les cadres des vitres carrées,
Ainsi que de mouvants tableaux,
Groupent les fuyantes contrées,
Les grands prés, les bois, les hameaux.

Au bord d’un canal aux eaux claires,
Sur ses deux pieds se soulevant,
Un enfant roux jette des pierres
Aux ailes d’un moulin à vent.

Un autre, dans les pâturages,
Pousse les vaches en sifflant ;
Leur mère étale des fromages
Sur de longs séchoirs d’osier blanc.