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PROMENADE EN HOLLANDE.

avec empressement et cordialité. Nous parcourons ensemble une longue galerie renfermant les éditions les plus anciennes et les plus précieuses. Parmi les livres de littérature française, je remarque plusieurs Voltaire, plusieurs Rousseau et plusieurs Diderot complets ; toutes les œuvres de Mme de Staël, et, dans les auteurs contemporains, le Cours de littérature et d’histoire de MM. Villemain et Guizot. Dans un cabinet qui termine la galerie sont quelques manuscrits rares, entre autres une immense Bible russe, écrite sur parchemin et ayant dans le texte les plus bizarres enluminures. La couverture est en peau d’âne, avec de larges fermoirs d’argent de style byzantin. Nous redescendons la longue galerie au plafond cintré, qui est très-froide en hiver.

« Les lecteurs studieux étaient mal ici pour travailler, me dit M. Ader ; nous avons voulu les loger splendidement, c’est-à-dire comme il convient à la science, car il faut que le corps ne souffre aucune gêne, afin que l’esprit reste lucide et actif. »

Et ouvrant une grande porte sculptée, il me fit entrer dans une vaste pièce toute en bois de chêne. C’était une de ces magnifiques salles de lecture faites sur le modèle de celles que l’Angleterre vient de fonder. Un épais tapis couvre le plancher, un calorifère est au milieu ; des tables et des siéges commodes sont alignés autour. Plusieurs rangs de