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PROMENADE EN HOLLANDE.

infusait des grenouilles. À Amsterdam, l’eau est meilleure ; à Utrecht, elle est excellente. Les fruits de la Hollande sont presque toujours acides et sans parfums : le soleil leur manque pour arriver à leur maturité. Par exception, ceux qu’on avait réunis pour moi dans le panier de cristal étaient sucrés et odorants ; sans doute ils avaient mûri sur quelque bel espalier en plein midi.

Je mangeai plusieurs pêches avec une sorte de volupté ; puis, ravie de mon installation dans cette vaste chambre bien close et au plancher couvert d’un moelleux tapis, je me couchai dans un immense lit carré qui me fit songer à celui de Louis XIV, à Versailles. Quatre colonnes torses en chêne soutenaient le ciel de lit. Au lieu d’être en lampas d’or et de pourpre, ce baldaquin était en coutil blanc, mais d’une blancheur de neige, et je défie le grand roi d’avoir jamais dormi dans des draps plus fins et la tête appuyée sur des oreillers plus doux. C’est un linge au toucher de batiste et qui sent bon. On l’a séché et plié dans le contact d’herbes aromatiques.

Le lendemain, je sors à midi pour aller visiter les monuments d’Utrecht. Cette ville et ses dépendances furent, dès le viie siècle, érigées en évêché, dont le prélat était souverain. Le premier évêque d’Utrecht fut sacré en 695. Le dernier évêque souverain fut Henri de Bavière, qui, lors des révoltes de ses su-