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PROMENADE EN HOLLANDE.

qu’on pût lire. Comme elle m’entendait exprimer le regret de n’avoir pas visité l’Île de Marken, elle me dit avec grâce : « Voulez-vous détacher de ces cahiers la page où je raconte mon excursion à cette île ? »

Je m’emparai bien vite du feuillet, et je ne résiste point à la tentation de le publier-ici. En le lisant, les lecteurs ne perdront rien à ce que je n’aie pas vu l’île de Marken.

« Nous étions à Amsterdam dans l’été de 1816 ; le temps avait été pluvieux les jours précédents ; mais, un matin qu’il faisait beau, nous résolûmes de faire une course en mer. On nous indiqua l’île de Marken, à sept lieues d’Amsterdam, où nous trouverions, nous disait-on, quelque chose de l’aspect de la Suède. Une famille voyageuse se réunit à nous. Nous louâmes un petit sloop ayant une seule grande voile, qu’un seul homme dirigeait avec son pouce. Lorsque nous arrivâmes en pleine mer, le vent s’éleva, un grain nous assaillit ; les autres passagers se pressaient sur nous et nous foulaient presque : une petite cabine, placée en face de la voile, fut notre refuge. En vrais Parisiens que la mer terrifie, nous croyions notre dernière heure venue : une crampe dans le pouce de notre pilote, qui retenait ses cordes de toutes ses forces, en faisant des grimaces aussi effrayantes que le gros temps, une poulie, une corde que lèvent, dans sa furie, pouvait