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PROMENADE EN HOLLANDE.

pour pouvoir entrer ; en laquelle conjoncture le nombre des François morts fut si grand que la porte fut estouppée par corps mortz, et de la haulteur quasi et à bien prez de deux hommes estant debout l’ung sur l’autre, de sorte que personne ne pouvoit plus entrer ny sortir, et l’on ne pouvoit clorre telle porte, par où les nobles et gens à cheval des François, abandonnant leurs chevaulx, et pensant monter oultre les mortz, en la porte, quant ilz estoient en hault furent tirez comme oiseaulx, et tomboient ainsi l’ung sur l’autre ; car les compaignies de bourgeois qui venoient de tous costez vers la porte tirèrent si horriblement qu’il sembloit estre une grelle, nul repos donnans aux François ; lesquelz voïans s’estre environnéz de deux costez ont à la fin tâché de se sauver par l’eau des fosséz, où à tant de coups d’artillerie qu’on leur a donné en fuyans sur le doz, y sont demeurez mortz beaucoup, si comme en sont ainsi des Suysses et autres qui estoient encores hors de la ville ; de sorte qu’on a tiré hors des fossez plus de 400, et trouvé en la ville 8 à 900 mortz entre lesquelz l’on compte aussi 250 gentilzhommes et plusieurs prisonniers, selon que appert la liste cyjoincte[1], auxquelz est aussi

  1. Une tradition assure que l’amas des morts occupait plus de la moitié de la porte et que tous les blessés furent étouffés par la masse. On évalue à seize cents le nombre des morts parmi les assaillants.