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PROMENADE EN HOLLANDE.

Ces boucheries diffèrent entièrement des nôtres : la devanture s’avance sur les trottoirs et les envahit avec ses dalles, sur lesquelles découle le sang des bœufs, des veaux et des porcs ; dans les rues étroites, on se heurte souvent à ces animaux entiers, qui oscillent alors en tous sens.

Le lendemain matin, je m’aventure seule à travers la ville pour faire quelques emplettes de toiles, de livres et de porcelaines du Japon. J’avise, chez un brocanteur juif, de petites tasses japonaises d’une pâte très-fine et d’un dessin fort rare ; je les marchande au fils de Moïse, qui me demande huit florins de chaque. Je lui en offre un seul florin ; il se récrie, jure par Jéhovah que c’est impossible, et finit par me laisser les six tasses pour six florins.

Je rentre à l’hôtel, et j’en ressors à midi, avec le docteur Van H…, qui me conduit dans le Stadsherberg, où les vaisseaux de toutes grandeurs se pressent sur l’Y. En hiver, l’Y, ainsi qu’une partie du golfe du Zuyderzée, se couvrent de patineurs qui voltigent autour de traîneaux somptueux, attelés de beaux chevaux richement harnachés. Sous des tentes élégantes et sur des estrades sont des musiciens et une foule de spectateurs. Les paysans des environs, qui sont des maîtres dans l’art du patin, font souvent sur la glace cinq lieues à l’heure.

Mais l’hiver n’est point venu ; le soleil se rit et se