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PROMENADE EN HOLLANDE.

nuit votre sommeil, sont l’écho de ces orgies. Que pensez-vous d’une liberté qui dépouille la pauvreté, précipite dans l’abrutissement et peuple nos hospices d’orphelins ? Que dirait-on, si nous autorisions les pharmaciens à vendre librement des poisons à l’enfance et aux aliénés ?

Les réflexions du docteur me rappelèrent tout à coup les bandes d’orphelins des deux sexes que j’avais rencontrés la veille en traversant Amsterdam. J’avais été frappée de l’étrange costume de ces pauvres enfants : leur habit est moitié rouge et moitié noir ; une étoffe de laine de ces deux couleurs le compose en parties égales, c’est-à-dire que la manche de droite est rouge et la manche de gauche noire, ainsi de suite pour les autres morceaux du vêtement ; c’est d’un effet bizarre qui attriste ; c’est comme une livrée ostensible de souffrance et de honte, portée par ces jeunes garçons et par ces jeunes filles.

Cependant, tous les hospices pour les orphelins ne sont pas remplis par les enfants trouvés. Il en est un pour les enfants pauvres et un pour les enfants de la bourgeoisie qui ont perdu leurs parents. Ce dernier est un très-bel établissement, fondé en 1528 par Mme Haasje Klaas.

Il était près de minuit quand nous arrivâmes à l’hôtel. Je remarquai que plusieurs grandes boucheries étaient encore ouvertes dans quelques rues.