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PROMENADE EN HOLLANDE.

et les empêchent de creuser trop avant le sol de la Hollande.

À droite sont les terres nouvelles et fécondes du lac desséché de Harlem. Il a fallu plus de trois ans de travaux gigantesques pour changer ce grand lac en vallée. Il avait onze lieues de circonférence ; il était tempétueux et régulièrement agité, comme s’il eût eu des marées montantes : c’était une sorte de mer qui avait vu des batailles navales et des flottes de soixante-dix bâtiments plats. Aujourd’hui l’immense lit de vase mis à découvert par la disparition des eaux est devenu un terrain ferme. Des routes traversent les terres cultivées ; des villages et des églises se sont élevés, des canaux, des avenues de jeunes arbres, et quelques métairies varient l’aspect de cette plaine uniforme d’où les eaux se sont retirées ; c’est une création qui naît, c’est l’indéterminé, c’est la grâce. Ces cultures n’ont vu passer aucune génération ; ces gazons n’ont pas encore abrité un tombeau ; ces maisons de bois ou de briques connaissent l’enfance, mais elles ignorent la vieillesse et la mort. C’est tranquille et doux ; on voudrait devenir un des habitants primitifs de cette terre à laquelle ne s’est point encore mêlé de poussière humaine.

Lorsqu’on a dépassé l’ancien lac de Harlem, le terrain devient plus boisé et plus mouvementé. Sur des tertres de verdure s’élèvent de belles mai-