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PROMENADE EN HOLLANDE.

— Mais, pour toi, cela ne l’est-il pas ?

— Moi, je reste.

— En ce cas, merci ! car elle est à moi, répondit Raynold en sautant au cou d’Hermans.

— Comment l’entends-tu ? fit ce dernier.

— Elle m’engage sa foi et celle de son père, et elle n’y faillira pas. »

Hermans, qui s’était approché de la fenêtre, tambourinait sur une vitre et il y écrivit le fameux distique de François Ier : Souvent femme varie, etc. Raynold ne l’entendit pas et ne le vit point ; il mettait sous enveloppe la promesse qu’il venait d’écrire. Je voulus en vain l’empêcher de l’envoyer à Sulpicia. Il s’écriait dans son agitation fébrile :

« Ah ! tu veux entraver mon bonheur ! tu n’es pas mon ami, tu fais des vœux pour Hermans ! »

Quand sa lettre fut cachetée, il sonna un domestique et la fit porter à la fatale jeune fille.

Quelques jours après, il s’embarquait à Amsterdam.

Son absence dura près d’un an, durant lequel Sulpicia ne cessa pas de se distraire et de voir Hermans. Le préférait-elle au romanesque voyageur ? rien ne l’annonçait. Je crois bien que son cœur n’a jamais battu d’amour et n’en battra jamais pour personne. Seulement, elle les trouvait tous deux séduisants, et elle les eût indifféremment acceptés l’un ou l’autre pour mari.