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PROMENADE EN HOLLANDE.

mandement l’un des deux (et peut-être tous les deux) s’embarquera dès demain. »

À ce petit discours prononcé d’une voix très-nette, les doctes époux s’écrièrent à la fois en regardant presque tendrement leur fille :

— C’est un démon d’imagination !

— J’y consens, ajouta le père, mais qu’ils partent vite…

— Et reviennent tôt, s’écria Sulpicia en riant ; soyez tranquille, mon père, ils seront encore plus pressés que vous d’échanger contre ce coquillage adoré votre vilaine enfant. »

Et elle sortit dans une attitude triomphante.

À l’instant même, elle convia pour le lendemain toute la brillante jeunesse de Leyde qui composait sa société habituelle. Il s’agissait d’entendre dans la vaste serre de la maison des chanteurs allemands nouvellement arrivés, et qu’on vantait beaucoup. Cette petite fête de jour fut savamment improvisée par Sulpicia, aidée de son institutrice. J’étais au nombre des invités et je fus ravi, en entrant dans la serre, du délicieux coup d’œil qu’offraient la fraîcheur et la beauté de toutes ces jeunes filles parées se groupant au milieu des fleurs. Sulpicia était la plus éclatante de toutes. Elle se tenait debout près de la vasque de marbre blanc du milieu de laquelle une statue d’Hébé faisait jaillir une eau tiède. Plus belle que la déesse de la jeunesse, elle était drapée