Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
PROMENADE EN HOLLANDE.

Aussitôt l’institutrice et l’élève complotèrent, avec les domestiques, qui étaient leurs esclaves, l’ouverture de la porte. Un serrurier habile fut appelé et fit jouer la serrure sans la briser. On lui donna l’ordre de venir la refermer quelques heures après, et les deux femmes se précipitèrent dans la salle tranquille. Elles furetèrent en vain dans tous les meubles ; elles n’y trouvèrent que des paperasses et des livres. Dépitées, elles se mirent à examiner avec dédain les collections d’insectes et de coquillages. Une petite vitrine ronde, isolée, et supportée, comme un guéridon, par un pied d’ébène sculpté, attira tout à coup l’attention de Sulpicia. Elle aperçut à travers la glace, sur un coussin de moire blanche, une belle coquille rose, plus petite, mais en tous points semblable à celle que vous avez vue au Musée d’histoire naturelle. Au bas du coussin était cette inscription en lettres d’or : Cythérée rose des mers du Japon ; le plus rare et le plus précieux des coquillages.

« Tiens ! s’écria Suplicia, voilà donc un objet de prix ! On dirait un capricieux camée de corail rose ! ce serait d’un bon effet au milieu d’un diadème ! »

Et faisant jouer un ressort, elle ouvrit aussitôt la vitrine. Elle prit du bout des doigts la frêle et belle coquille ; puis, s’approchant d’une vieille glace de Venise, elle la posa perpendiculairement au-dessus de son front.

« Nous pourrons la fixer avec du velours rose,