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PROMENADE EN HOLLANDE

parées, joyeuses, émancipées et ne demandant à la vie que plaisir et gaieté. L’institutrice avait comme une seconde jeunesse sciemment savourée, et elle, la belle et fougueuse Sulpicia, dévorait insoucieuse sa première et folle jeunesse, se précipitant au gré de ses instincts et de ses caprices.

Elle avait facilement obtenu de son père et de sa mère qu’elle donnerait chaque semaine une petite fête à ses amies. D’abord les jeunes filles seules en firent partie ; insensiblement les frères et les cousins furent admis, puis quelques étrangers, parmi lesquels les plus spirituels et les plus beaux étudiants de l’Université de Leyde.

Vous avez remarqué tantôt, durant notre promenade, l’aspect tranquille de cette ville. Elle a contenu autrefois cent mille âmes, et elle n’en a plus que quarante mille ; de là tant de rues et tant de canaux presque déserts, tant de vastes maisons qui n’ont qu’un petit nombre d’habitants. Dans les quartiers aristocratiques, c’est la solitude, le silence, et partant la liberté ; tout le monde se connaît ou se reconnaît, et c’est des fenêtres aux passants la double gymnastique des miroirs et des stores que vous avez constatée vous-même dans la rue de l’Hôtel-de-Ville. Les étudiants sont l’élément actif, le courant jeune et vivifiant de la cité un peu somnolente ; tout fils de bonne famille, bien tourné et habillé à la française, cherche dès son arrivée à Leyde à y lier quel-