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PROMENADE EN HOLLANDE.

ceux qui ravissent les regards ; on dirait de grosses huîtres ternes où le soleil n’a pas incrusté un seul de ses rayons. Je suis attirée par une vitrine où reposent les coquillages les plus éblouissants. C’est une série de grands coquillages nacrés, sur lesquels toutes les teintes de l’arc-en-ciel se graduent ; puis voici toute la riante famille des belles coquilles roses : on dirait des joues de jeunes filles ou des feuilles énormes de frais camélias. La teinte est toujours d’un rose de fleur, ou de carnation de chair juvénile ; mais la forme de ces coquilles varie à l’infini. J’en remarque une contournée en spirale, et dont l’orifice s’épanouit en feuilles de rose. Si Pradier l’eût vue, il en eût fait sortir un Amour aux ailes dressées. Par une fantaisie de la nature qu’on prendrait pour le travail de quelque artiste, une perle purpurine, d’un rose plus vif que tout le coquillage, couronne la pointe de sa spirale. On dirait une goutte de sang toujours vive et fraîche ; ce point plus sombre donne à la belle coquille rose quelque chose d’animé comme un œil qui s’ouvre et vous regarde. L’ami du docteur observait mon examen attentif.

« Voilà le plus beau coquillage de la collection ! m’écriai-je ; c’est le seul qui me fait envie et que je voudrais emporter.

— Cela tient du miracle ! répliqua le professeur. Vous avez trouvé et deviné la fameuse Cythérée des